Adriana : Bonjour Franck,
Franck : Bonjour Adriana
Adriana : Alors tu es parti au Canada en 2011 et j’ai pensé que ton témoignage pourrait intéresser ceux qui souhaitent aussi s’installer là-bas. Dans un premier temps, je vais te demander de te présenter.
Franck : Moi c’est Franck, je suis effectivement parti au Canada en 2011 dans le cadre du Permis Vacances Travail (PVT). Auparavant, j’ai commencé une formation en informatique à l’EPITECH en 2007, pendant deux ans. C’est pour avoir un bac+5 normalement. J’ai quitté cette formation pour poursuivre à l’ETNA, qui est une sorte de « pendant » de l’EPITECH mais plutôt orientée entreprise, car avec beaucoup d’alternance. C’était aussi un bac+5 et j’ai finalement arrêté pour partir au Canada. Je suis partie deux ans avant d’avoir le diplôme en poche, précisément.
Adriana : Pourquoi le Canada ?
Franck : Avant de me décider pour le Canada, j’avais déjà envie de bouger. Je parlais d’alternance mais c’était en fait du plein temps, cinq jours par semaine. Après un an disons de « métro boulot dodo » à Paris, avec une heure de trajet, un train de vie trop calme qui restait figé, j’avais envie de changer, de bouger, de casser un petit peu ce rythme. Et le Canada était un pays que je connaissais déjà car un ami y vivait depuis un petit moment et j’y étais déjà allé deux fois en vacances. C’est un pays que j’adorais et que j’avais envie de tester pour y vivre plus longtemps. Je ne savais pas combien de temps j’allais y rester, je ne savais pas ce que j’allais y faire. Je suis parti au Canada début 2011.
Adriana : Quand tu es parti, tu avais déjà trouvé ton poste ou pas ?
Franck : Pas du tout. Par contre, je m’étais bien renseigné ; je savais comment ça fonctionnait là-bas : j’avais discuté avec des canadiens, des mecs qui étaient partis au Canada et d’autres qui allaient s’y rendre. Même si ça dépend évidemment des secteurs, je savais que le chômage était relativement faible et qu’on pouvait relativement facilement trouver un travail. Les règles de travail sont aussi plus souples qu’en France par exemple et c’est donc plus facile de trouver un contrat là-bas. En plus de ça, je bosse dans l’informatique qui est un secteur complètement ouvert là-bas. Je suis parti sans trouver du travail parce que d’une part non seulement j’étais confiant pour en trouver un mais aussi je ne savais pas trop ce que je voulais faire. Je voulais d’abord me poser, prendre mes repères et improviser.
Adriana : Donc tu cherchais tout type de poste dans l’informatique ou tu avais une idée plus précise ?
Franck : Je me suis fait une idée quand je suis arrivé et que j’ai commencé à être un petit peu posé. On se pose assez rapidement là-bas. Les formalités se font assez rapidement. Donc j’ai commencé à chercher au bout d’une à deux semaines, vraiment activement, et là j’avais une idée de ce que je voulais. Mon objectif n’était pas de trouver quelque chose de trop éloigné de ce que je faisais en France. Car je n’avais pas une grande expérience professionnelle donc je voulais continuer dans ce que je faisais. C’était surtout l’environnement dans lequel j’allais travailler qui comptait: un environnement anglophone, dans une culture vraiment nord-américaine qui diffère beaucoup de la culture européenne. Le but, c’était surtout de changer de rythme et de façon de travailler.
Adriana : D’ailleurs, dans quelle ville du Canada t-es tu installé ?
Franck : A Toronto, dans l’Ontario, c’est pas très loin de Buffalo, des chutes du Niagara.
Adriana : J’y suis déjà allée aussi et c’est vrai que c’est une ville sympa. Alors, combien de temps as –tu mis pour trouver du boulot là-bas ?
Franck : J’ai mis plus de temps que je ne le pensais même si je n’ai pas mis longtemps au final, moins de deux mois. C’est pas beaucoup dans l’absolu mais j’étais plus confiant que ça et je pensais trouver beaucoup plus rapidement. Après il faut savoir qu’en plus de simplement chercher du boulot, on cherche du boulot dans un autre pays et il y a des codes, des choses qu’on n’a pas encore bien acquises. Comme l’entretien qui ne se passe pas du temps de la même manière qu’en France. Là-bas, le diplôme a beaucoup moins d’importance qu’en France. Beaucoup de choses se jouent pendant l’entretien, ça se passe au feeling, comment tu réponds aux questions et comment l’employeur te voit.
Adriana : Donc, c’est moins strict qu’en France ?
Franck : Alors, ça a l’air d’être moins strict, ça a l’air d’être plus au feeling et c’est ce qui fait qu’au final on trouve plus facilement du travail si on se bouge un peu. Toronto, c’est une ville que tu connais Adriana et tu dois savoir que ça n’a rien à voir avec une ville française. C’est une ville très étalée en surface, très grande, avec de grandes rues pourtant très quadrillées; du coup on a l’impression que c’est facile de s’y orienter. Mais quand tu as une adresse donnée pour un entretien, les distances sont beaucoup plus grandes. Ça peut paraitre bête mais ça m’est arrivé de me perdre plusieurs fois en allant aux entretiens. Et ça m’est même arrivé de louper un entretien tout bêtement à cause de ça.
Adriana : Ah oui, c’est bon à savoir. On peut éventuellement y passer la veille ou un peu de temps avant pour être sûr de trouver l’endroit.
Franck : Même simplement en regardant des cartographies sur internet comme google maps, d’essayer d’anticiper un peu le temps pour chaque itinéraire. Vu que c’est un quadrillage, on a l’impression que c’est simple mais pas du tout, les distances sont plus longues, il faut changer de bus…bref c’est pas simple de trouver une adresse exacte quand on vient d’arriver.
Adriana : Tu dis que l’entretien est très différent au Canada par rapport à la France, c’est le cas aussi pour les CV et lettres de motivation ?
Franck : C’est vrai, c’est assez différent en termes de CV. Concernant les lettres de motivation, je n’en ai jamais fait là-bas car au Canada, ils en font beaucoup moins. Le CV est moins formel : déjà on n’a pas l’obligation de le faire tenir sur une page. On a souvent moyen de rajouter un petit paragraphe personnalisé en début de CV qui peut faire office de lettre de motivation. On ne va pas forcément parler des centre d’intérêt. On va vraiment mettre l’accent sur les compétences et les expériences professionnelles, plutôt que la formation. Une grosse différence aussi est qu’on ne met pas de photo et je crois même que c’est mal vu d’en mettre une.
Adriana : En effet, dans les pays anglo-saxons, sur le CV, il faut mettre ni la photo, ni le statut marital, l’âge car pour eux ça peut être discriminatoire. On est censé être embauché pour ses compétences et non pour ce genre de critères.
Du coup, tu as trouvé un emploi où ? Pour faire quoi ?
Franck : Alors, avec le PVT, on te demande de partir avec un minimum d’économies et j’ai trouvé un boulot à la limite. J’étais à deux doigts de rentrer en France. J’ai trouvé un boulot qui m’a bien plu à Pearson Canada qui est une maison d’édition nord-américaine qui édite notamment des bouquins en France. Je faisais du développement et de l’intégration sur WordPress, un outil de création de site internet pour les clients de cette maison d’édition.
Adriana : Tu as trouvé ce poste comment ? Les petites annonces ? Le bouche à oreille ?
Franck : En fait, pour l’anecdote, c’est le premier CV que j’avais envoyé au Canada quand je suis arrivé. Je n’ai jamais eu de réponse. Entre temps, j’ai passé des entretiens, j’ai envoyé pleins de trucs ailleurs.Puis un jour,ils sont revenus vers moi pour fixer rapidement un entretien. Autre anecdote: je m’étais complètement perdu en allant à cet entretien et j’ai croisé dans le bus une ex employée de Pearson Canada qui m’a indiqué le chemin. J’ai eu 10 min de retard, je me suis excusé et ça s’est quand même bien passé puisque j’ai eu le poste. C’est une caractéristique au Canada, les gens sont très ouverts, typiquement ce n’est pas moi qui est demandé mon chemin mais c’est l’ex employée qui est venue d’elle-même vers moi quand elle a compris que j’étais perdu et elle m’a aidé spontanément.
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